La puff, très commercialisée, nuit et attire à la fois ses nombreux consommateurs. Vous allez tout savoir dessus.

Puffs multicolores (Pixabay)
La puff, dont le nom mystérieux (« bouffée » en anglais) intrigue déjà, est une cigarette électronique jetable aux multiples facettes. Semblable à un joueur de poker aguerri face à de naïfs amateurs, elle recèle d’innombrables secrets…
Star numéro 1 chez les ados…
Depuis le confinement, et tout particulièrement cette année, la consommation de la « puff » ne fait qu’accroître parmi les 15-25 ans, et cela malgré son interdiction récente. En 2023, on estimait que 13% des Français, appartenant à cette tranche d’âge, pratiquaient ce type de vapotage hebdomadairement.

Photo de lycéennes vapotant (Pixabay)
En ce qui concerne 2025, aucune statistique ne nous indique comment le phénomène a depuis évolué. Cela n’empêche pas que les vapoteurs ont remarqué sa forte croissance en popularité en 2 ans : « Depuis la rentrée 2024, j’ai vraiment l’impression que la consommation dans le lycée a beaucoup augmenté, par rapport à l’année dernière, nous rapporte une élève de 1ère, et je suis loin d’être la seule à penser ça. ».
De plus, ces (très) jeunes consommateurs n’ont pas l’air de bien s’inquiéter des effets négatifs que peuvent causer la puff. Certains, déjà adeptes de la cigarette, déclarent même ne pas avoir « l’impression de réellement fumer ». Cela peut s’expliquer non seulement par l’absence du goût amer typique du tabac, mais également par la présence d’arômes attractifs que renferment ces petits objets.
Peu conscients des répercussions néfastes, les motivations poussant les « non-vapoteurs » à devenir « vapoteurs » sont diverses. Néanmoins, une sort du lot, sans immense surprise : l’effet de groupe. Une lycéenne, consommatrice régulière, nous partage son expérience : « J’ai d’abord commencé à « tirer » sur les puffs de mes amis, comme la plupart fumaient déjà, nous explique-t-elle, j’ai bien apprécié, ce qui m’a poussé à m’en procurer une moi-même assez rapidement. ».
Presque aussi nocive que la cigarette « classique » ?
La puff est composée de propylène glycol et de glycérine végétale, d’arômes, mais plus problématiquement, de sels de nicotine, extrêmement addictifs. À l’origine de dépendances à cet alcaloïde toxique, à un âge très précoce, chez certains individus. Cela peut les inciter à passer à la cigarette, un substitut encore plus dangereux.

Structure de la nicotine, un alcaloïde toxique (Wikipédia)
Image illustrant l’effet des puffs sur le cerveau (image montée par EQW, autrice)

De surcroît, cette substance, chez les mineurs, dont le cerveau est toujours en développement, est souvent à l’origine de troubles de la concentration et de l’attention. Il est à noter que le taux de nicotine dans un seul de ces objets est très important, dépassant même dans certains cas, les limitations imposées par le gouvernement. Si on la compare avec la cigarette, la quantité de cette molécule présente dans une puff « standard » correspond à 18 paquets.
Lors de son usage, la fumée qui est expirée, entre dans les cavités respiratoires, les irritent pouvant causer des problèmes respiratoires, notamment une bronchite chronique ou la diminution de la fonction pulmonaire. À cela s’ajoute le risque d’être la proie de maladies cardiaques, pouvant être entraînées par l’augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle.
Cependant la consommation de ce produit, même sans nicotine, provoquerait de nombreuses autres complications sur le long terme, selon les experts. Dû au manque d’études effectuées celles-ci restent en grande partie inconnues. Cela n’empêche pas que, à ce jour, nous savons que ces pathologies seraient essentiellement neurologiques. Effectivement, les consommateurs hospitalisés suite à cette addiction présentent de forts maux de tête et sont même très susceptibles aux malaises.
Un dernier souffle particulièrement polluant
Cette cigarette, quand elle se retrouve vide, est aussi dommageable pour ses idoles que pour notre pauvre planète Terre. Contrairement à ce que peut démontrer un large nombre de ses fabricants adeptes du « greenwashing » *, son recyclage est très complexe. Les seules solutions qui ont été identifiées afin de “mieux préserver notre environnement” sont soit d’enfouir les déchets, soit de les brûler, ce qui, en réalité, ne s’avère pas être écologique du tout.

Photo de cigarettes électroniques jetables retrouvées dans la nature (Pixabay)
Ce petit objet a la fâcheuse tendance à souvent finir dans la nature ou être jeté à la mer, tout comme les mégots classiques. Les microplastiques et métaux lourds composant ce dernier s’entremêlent alors aux végétaux et aux animaux impuissants, favorisant leur extinction.
À l’heure d’aujourd’hui, il n’y a aucune solution sur le marché qui fait concrètement face à ce désastre environnemental causé par les cigarettes électroniques jetables.
*(méthode de marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique souvent loin de la réalité.)
Un marketing qui rend les jeunes « dingues » !
Sans surprise, la puff adore se faire remarquer ! En effet, les marchands procédant à leur vente mettent tout en œuvre dans le but d’éveiller l’intérêt de potentiels futurs clients.
Pour y arriver, leurs stratégies sont variées… Il y a tout d’abord, une publicité omniprésente sur les réseaux sociaux où énormément des 15-30 ans passent une bonne partie de leur temps.

Exemple de cigarettes électroniques jetables avec un marketing (aspect visuel et fonctionnalités comme les LED néon) spécialement conçus pour les jeunes (Pixabay)
Puis il y a, bien sûr, l’aspect visuel (dessins, motifs, couleurs vives…) décrit comme très accrocheur par les acheteurs. Nous pouvons aussi retrouver des modèles équipés de lumières LED qui s’activent lors de leur utilisation, une fonctionnalité largement prisée par les nouveaux adultes ou adolescents.

Mais, avant tout, ce sont les saveurs artificielles simultanément originales et reconnaissables qui attirent réellement les adolescents. Généralement fruitées ou rafraîchissantes, elles camouflent aux jeunes la réelle nuisance sanitaire des puffs.
Des industriels qui n’améliorent guère la situation…
Ces produits vendus partout dans le monde, que ce soit en Europe ou encore en Amérique sont, la plupart du temps, fabriqués dans des pays où la population vit majoritairement dans la pauvreté. Les employés d’usines à puffs sont souvent contraints à travailler dans des conditions salariales catastrophiques.
On remarque que ces ouvriers souvent sous-rémunérés exercent pour beaucoup des tâches considérées comme dangereuses, voire mortelles sur le long terme. Il y a par exemple le métier de « testeur final » ; la personne à ce poste doit inhaler la fumée présente dans les milliers d’objets assemblés chaque jour, dans l’objectif d’identifier toute anomalie ou mauvais dosage effectué antérieurement. Les risques liés à la santé, concernant les puffs, touchent donc une majorité des personnes nécessaires afin qu’elles arrivent un jour entre les mains des consommateurs.

Ouvrier en usine de puffs qui est au poste de « testeur final » (Wikipédia)
Ces facteurs industriels permettent principalement aux entreprises de proposer leurs produits à des prix de plus en plus bas, en augmentant les quantités et en s’adressant à un public toujours plus vaste.
La bouffée finale…
Les puffs, d’une éthique peu correcte, sont en prime, grâce à leur jeu esthétique hors pair, des expertes à dissimuler leur vraie nature inquiétante. Si vous vous retrouvez victimes de cette addiction sans scrupule, vous pouvez contacter la ligne téléphonique de Tabac info service : le 68 89.
Elisa Quesada Walmsley

Image de prévention de la ligne téléphonique Tabac Info Service